Visuel principal
.

AUX ORIGINES DES COLLECTIONS, UNE MOBILISATION POPULAIRE

Chapeau
Lointains héritiers des cabinets de curiosités qui exposent aux 16e et 17e siècles des objets rares et exotiques, les musées d’ethnographie apparaissent en France à la fin du 19e siècle. Le Museon Arlaten est un des premiers musées de ce type en France. Ses collections, et l’histoire de leur constitution, reflètent le quotidien en Provence du 18e au 21e siècle.
Corps
La vitrine de la Saint-Eloi.
La vitrine de la Saint-Eloi. © Sébastien Normand, Cd13 - Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
La vitrine de la Saint-Eloi. © Sébastien Normand, Cd13 - Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

Les musées d’ethnographie apparaissent en France à la fin du 19e siècle, au bénéfice du mouvement général de diversification des musées, jusqu’alors principalement cantonnés à la diffusion des Beaux-arts depuis leur création pendant la Révolution française. Au plan national, les musées d’ethnographie naissent dans un contexte de colonisation, afin d’étudier et de conserver les cultures exotiques. Dans le même temps, en région, des musées d’ethnographie exposent en les valorisant les sociétés traditionnelles rurales mises à mal par la Révolution industrielle et l’uniformisation engagée par l’État central. Le Museon Arlaten fut un des pionniers du genre.

FERVEUR POPULAIRE

Les collections du musée reflètent les choix d’acquisition des différents conservateurs y ayant  exercé. À l’aube de l’histoire du musée, Frédéric Mistral sollicite le Dr. Émile Marignan, qui collabora au premier musée français d’ethnographie, au Trocadéro, lequel rédige un manuel de collecte, les Instructions pour la récolte des objets d’ethnographie du pays arlésien. Largement diffusé auprès de la population, il permet de constituer les premières collections du musée par la réunion de milliers d’objets. Il propose une classification en huit catégories elles-mêmes divisées en différents thèmes : anthropologie, alimentation, habitation, cultes, sciences, industrie, coutumes, fêtes populaires, traditions populaires, vie sociale, etc. Les donateurs, nombreux et issus de toutes les classes sociales, adhèrent avec enthousiasme au projet, ce qui contribue à instaurer des liens affectifs entre le musée et la population.

La Salle Rhône et mer.
La Salle Rhône et mer. © Sébastien Normand, Cd13 - Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
La Salle Rhône et mer. © Sébastien Normand, Cd13 - Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Dans la salle du costume 19e. Caraco, corsage et chaussures de femme.
Dans la salle du costume 19e. Caraco, corsage et chaussures de femme. © Sébastien Normand, Cd13 - Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Dans la salle du costume 19e. Caraco, corsage et chaussures de femme. © Sébastien Normand, Cd13 - Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

FOLKLORE ET IDENTITÉS

Fernand Benoit devient conservateur du musée en 1932. Archiviste et archéologue de métier, il s’initie à l’ethnographie à la fin des années 20 et contribue à l’étude du folklore provençal. Au Museon Arlaten, il réaménage une partie des salles d’exposition, redynamise la collecte d’objets d’arts et de traditions populaires (artisanat, métiers de la terre, objets de la vie domestique…), donne une place particulière aux œuvres iconographiques et aux documents historiques, et fait la part belle aux collections du costume régional qui sont présentées sous un nouveau jour, à une période de valorisation idéologique de traditions qui mobilise le Museon Arlaten comme “centre actif de régionalisme” en lien avec l’Académie d’Arles. Avec le recul de l’histoire, se révèle, à travers les collections et leur mise en scène, un panorama de l’approche intellectuelle de la Provence dans les années trente.

De 1959 à 1965, le félibre Charles Galtier, alors doctorant, mène une enquête ethnologique pour sa thèse sur la vannerie de Vallabrègues. Accompagné par le Musée National des Arts et Traditions Populaires de Paris, il reprend et applique au Museon Arlaten les principes de collecte et de présentation muséographiques définies par Georges-Henri Rivière, muséologue majeur du 20e siècle et directeur du MNATP qui déploie de grandes enquêtes en région sur le patrimoine ethnologique français.

 

VERS LE CONTEMPORAIN

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le directeur des musées et monuments d’Arles, Jean-Maurice Rouquette, également Président du Comité du Museon Arlaten et Président de l’Académie d’Arles, accompagne les travaux scientifiques menés au Museon Arlaten pour documenter et enrichir les collections. Il développe les acquisitions de collections historiques, en particulier sur la ville d’Arles, et réaménage les salles d’exposition du deuxième étage consacrées aux collections d’artisanat, d’agriculture et d’élevage. À partir de 1991, Dominique Serena-Allier devient directrice du Museon Arlaten et réoriente les acquisitions.