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Mistral s'exprime avec passion lors d'un banquet champêtre

FRÉDÉRIC MISTRAL, UNE VIE, UNE OEUVRE POUR CÉLÉBRER LA PROVENCE

Chapeau
Frédéric Mistral a consacré sa vie et son œuvre à valoriser la culture de sa Provence natale. Il est, en 1904, le premier écrivain à recevoir le prix Nobel de littérature pour une œuvre en langue régionale. Grâce à cette récompense, il installe en 1909 sur son site actuel le Museon Arlaten, son « Panthéon de la Provence » conçu comme un « musée de la vie vivante ».
Corps

« Mais, comme une île entre les vagues,
Apparaissait le pur profil
De la Provence, comme une île fortunée,
Pleine de danses et de chansons. »

"Mai, coume uno isclo entre lis erso,
Apareissié la caro esterso
De la Prouvènço, coume uno isclo de soulas
E cantarello e baladouiro."

Extrait de Calendal

Frédéric Mistral

 

Au commencement était le mas

Frédéric Mistral naît en 1830 à Maillane, une commune située au nord d’Arles, au pied des Alpilles. Ses parents sont ménagers, petits propriétaires agricoles d’une ferme de vingt-cinq hectares, le mas du Juge. Il y passe son enfance, auprès de ceux qui lui transmettent un profond attachement au terroir et une affection pour sa langue maternelle.

La Salle Mistral
Dans la bibliothèque de Frédéric Mistral. Cd13 - Coll. Museon Arlaten © Sébastien Normand
Dans la bibliothèque de Frédéric Mistral. Cd13 - Coll. Museon Arlaten © Sébastien Normand

Après un court séjour au pensionnat à Saint-Michel-de-Frigolet vers Tarascon, il poursuit ses études dans les collèges d’Avignon.  Il y fera l’expérience d’un environnement tout à fait différent de Maillane aux côtés de ses camarades citadins, dans un contexte urbain et scolaire francisé où la langue de ses parents était brimée. Rimer en provençal sera pour lui un acte de résistance.

En 1847, il passe avec succès son baccalauréat à Nîmes. De retour à Maillane, où il retrouve ses camarades de village, il écrit son premier grand poème, Les moissons, resté inédit de son vivant et publié en 1927 après sa mort. L’année suivante, il s’enthousiasme pour la Révolution et s’engage avec les Républicains de Maillane. Il poursuit son engagement politique pendant ses études de droit à Aix-en-Provence, de 1848 à 1851. Dans le même temps, il entretient une correspondance suivie avec ses amis avignonnais, écrit des poèmes en provençal et lit des ouvrages sur la langue provençale ancienne. Après l’obtention de son diplôme, il revient au mas paternel.

L'entrée du Museon Arlaten, Palais du Félibrige
L'entrée du Museon Arlaten, avec le fronton "Palais dóu Felibrige". Cd13 - Coll. Museon Arlaten © Rémi Benali
L'entrée du Museon Arlaten, avec le fronton "Palais dóu Felibrige". Cd13 - Coll. Museon Arlaten © Rémi Benali

L’œuvre et l’engagement d’une vie

Le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, en 1851, le désillusionne. Mistral se réfugie alors dans le travail des champs et développe son érudition sur la Provence et le provençal. C’est alors qu’il prend la résolution de faire œuvre de sauvegarde de la langue et la culture provençales auxquelles il va consacrer sa vie. Fervent militant culturel, Frédéric Mistral restera fidèle toute sa vie à son serment de restaurer la langue provençale.

Il ne fait pas, comme Lamartine, Hugo ou Zola, le choix de l’engagement politique, préférant faire porter ses actions sur des questions linguistiques, littéraires et muséales. Tout comme sa création littéraire, son action félibréenne et son engagement pour le Museon Arlaten, son œuvre linguistique participe de sa volonté de défendre et d’affirmer l’identité de la culture provençale.

Dans un contexte favorable – le regain de vitalité du régionalisme –, un des premiers jalons du cheminement mistralien est la fondation de l’association littéraire du Félibrige avec six amis et complices, jeunes poètes avignonnais. Une même ambition anime le groupe des sept primadié, fondateurs du Félibrige en 1854 : sauvegarder et promouvoir la langue et la culture du Midi. Au fil des ans, le Félibrige se structure et développe ses moyens de diffusion. Frédéric Mistral en fut le capoulié (chef) de 1876 à 1888. Lorsqu’il installe le Museon Arlaten dans le bâtiment actuel, il baptise celui-ci palais du Félibrige.

Trésors

Mistral est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages publiés en provençal, sa langue maternelle, et en français, et ses œuvres sont traduites dans le monde entier. Il s’essaie à de nombreux genres : poèmes, épopées, contes, récits autobiographiques, théâtre, articles de journaux, travaux lexicographiques. Après Mirèio (Mireille) en1859, poème de jeunesse immédiatement promu au rang de chef-d’œuvre, il publiera une dizaine d’opus (Calendal  (Calendau) en 1867, Les Iles d’or (Lis isclo d’or) en 1875 , Le poème du Rhône (Lou poèmo dóu Rose) en 1897, Mes origines, mémoires et récits (Moun espelido, memòri e raconte) en 1906…) ayant pour habitude de travailler ses textes pendant plusieurs années avant de consentir à les publier. De sensibilité romantique, ses références littéraires renvoyant le plus souvent à des sources antiques ou médiévales. Frédéric Mistral fait aussi parfois œuvre d'ethnographe dans son travail d’écriture.

Le trésor du félibrige
Le trésor du félibrige (Lou tresor dou felibrige) . Cd13 - Coll. Museon Arlaten © Sébastien Normand
Le trésor du félibrige (Lou tresor dou felibrige) . Cd13 - Coll. Museon Arlaten © Sébastien Normand

En lien avec son rôle félibréen et sa production poétique, son grand œuvre demeure la définition d’une graphie provençale de référence, accompagnée d’un important travail lexicographique.  

Au 19e siècle les dialectes locaux sont encore largement parlés, mais peu se soucient de la façon dont ils sont orthographiés et de nombreuses disparités persistent d’un auteur à l’autre. Afin de faciliter la renaissance du provençal, Frédéric Mistral prend à bras-le-corps le projet d’en harmoniser la graphie, avec un double objectif : lui conférer le statut de langue littéraire, écrite, tout en la rendant facilement accessible au plus grand nombre.

À ce projet d’harmonisation de la graphie du provençal, Frédéric Mistral associe la constitution d’un dictionnaire monumental « embrassant tous les dialectes de la langue d’oc » : ce sera Lou Tresor dóu Felibrige ou Dictionnaire provençal-français (Le Trésor du Félibrige). Publié en deux volumes, en 1878, celui-ci regroupe deux mille pages d’informations lexicales, dialectales, grammaticales et ethnographiques. Mais Mistral n'en a pas fini avec les trésors, qu'il va bientôt collecter et exposer dans un "musée de poète", prolongation de son oeuvre littéraire.

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