"VISER JUSTE"
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Cette exposition offre une plongée, en photos, objets et témoignages, dans l’univers des “boules” tel que l’a connu en Provence, des années 60 à 80, le photographe et grand reporter allemand installé près de Gordes.
C’est dans les années 1960 que Hans Silvester est arrivé en Provence où il a découvert la place capitale de la pétanque dans les villages du Luberon. Plus qu’un simple jeu, la pétanque est un rendez-vous. Les joueurs les plus avertis sont captés par l’œil aiguisé de Hans Silvester qui sait figer ces moments suspendus. Les moins experts, eux, se réunissent en tant que spectateurs et transforment ce simple jeu en un lieu de rencontre immanquable.
“Ce jeu est un élément essentiel de la culture provençale. Moi, je suis persuadé que c’est un moment où la philosophie, la fantaisie, la poésie se rejoignent…”
L’exposition présente une sélection d’une soixantaine de tirages modernes argentiques des photographies réalisées par Hans Silvester dans les années 1970, principalement en Vaucluse et dans les Bouches-du-Rhône, sur la pratique de la pétanque et du jeu provençal.
En complément des photographies de Hans Silvester, d’une grande qualité esthétique tout autant que documentaire et ethnographique, le Museon Arlaten présentera les résultats de son travail d’enquête-collecte ethnologique auprès des sportifs et joueurs de pétanque et de jeu provençal actuels. Un parcours enfant est également proposé, accompagné d'un sac-jeux.
L’exposition sera présentée dans la chapelle du Museon Arlaten : un lieu architectural monumental. Des prêts d’objets seront faits par le Musée national du Sport, le MuCem, le Musée d’Histoire de Marseille, le Musée des Alpilles, ainsi que par Hans Silvester lui-même.
Hans Silvester : l'humaine nature
Né en 1938 à Lörrach, en Allemagne, Hans Silvester est un infatigable arpenteur de la planète. Il fait partie de la remarquable histoire du photojournalisme, rejoignant l’agence Rapho en 1965 et collaborant avec des magazines internationaux. C'est lui qui réalisa la photo de Une du premier numéro de Geo. Fasciné par la fragilité et la force de la nature et de l’humanité, il consigne les ravages environnementaux, mais aussi la vie des peuples qu’il rencontre.
Le travail de jeunesse présenté ici témoigne de l’attrait ressenti par le photographe lors de ses premières explorations en Provence, pendant lesquelles il remarque l’omniprésence du jeu de boules. Au cours des années 1970, il se concentre sur cette activité, haut lieu de la sociabilité masculine et méridionale. Le jeu de boules est documenté sous des formes variées depuis le 18e siècle en France et en Europe. Il constitue une pratique aujourd’hui répandue dans le monde entier. En Provence, deux formes principales de jeu coexistent : le jeu provençal, également appelé “longue” et la pétanque, version simplifiée du premier, apparue au début du 20e siècle.
“Descente au paradis”
L’exposition valorise l’aspect théâtral des parties de boules. Les décors sont multiples, ruraux ou citadins, nécessairement ombragés. La performance est indéniable, celle des joueurs comme celle du photographe, qui parvient à capturer la boule en suspens ou le mouvement spectaculaire. La dramaturgie est omniprésente, gestes de dépit ou accolades, sans lesquels la partie de boules méridionale perdrait sa saveur. La scène est complétée par le public, la « galerie », qui observe la partie et commente les prouesses. Hans Silvester nous convie à regarder ces hommes, mais aussi ces femmes, ces enfants, concentrés sur l’instant, sérieux dans le jeu, un fragment de la Provence telle qu’il la voit, l’imagine et la décrit depuis sa première « descente au paradis », il y a plus de soixante ans.
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