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Les perruquiers à la manoeuvre

HISTOIRES DE PERRUQUES : DE SOFIA COPPOLA AU… MUSEON ARLATEN

Chapeau
Dès la fermeture du musée pour rénovation, fin 2009, l’équipe scientifique s’est confrontée à toutes sortes de défis, dont la réhabilitation des perruques des mannequins historiques, visibles dans les dioramas de la « Femme en prière », « La Visite à l’accouchée » et « La Veillée Calendale » n’était pas le moindre.
Corps
Une perruque neuve
© Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
© Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

Lors du démontage des salles d’exposition du musée, à partir de novembre 2009, la grande fragilité des perruques est en effet apparue en grand jour. Les dégâts les plus visibles étaient l’aspect collant des cheveux dû au mélange de poussière centenaire et de produit insecticide (des campagnes de désinsectisation chimiques mal documentées ont eu lieu entre 1950 et 1970 au Museon Arlaten) ou bien encore les décolorations de la kératine. Pourtant, des dégradations plus graves, souterraines et irréversibles se sont révélées, provoquées par des insectes mangeurs de kératine comme la mite des fourrures (tinea pellionella), dont certains fourreaux (cocons tissés par la larve de la mite) ont été retrouvés à l’intérieur des chevelures.

Malheureusement, si la restauration des corps des personnages entre dans un cadre assez classique – elle est confiée à des conservateurs-restaurateurs spécialisés dans la sculpture ethnographique – celle des perruques est autrement plus complexe et atypique.

Après avoir consulté quelques restaurateurs-conservateurs des domaines de l’ethnographie, du textile et de la taxidermie, le musée s’est finalement tourné vers des artisans-perruquiers travaillant pour les arts du spectacle. En effet, les perruques en cheveux humains, encrassées après 100 ans d’exposition continue et partiellement décoiffées, avec certaines mèches cisaillées nettes à la racine par les insectes, rendent impossible le recoiffage, notamment des personnages féminins d’Arlésiennes.

Le berger de la Veillée calendale
Le berger de la Veillée calendale. © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Le berger de la Veillée calendale. © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

Portrait de groupe

L’intention du fondateur du Museon Arlaten, Frédéric Mistral, concernant  les trois dioramas historiques du musée est relativement bien connue. Entre 1897 et 1909, trois dioramas appelés  « La visite à l’accouchée dite la Jacunda » et « La Veillée de Noël dite Calendal » et « La Femme en prière dite Pregarello » ont été conçus et réalisés sur le modèle mis en œuvres par les musées d’Europe du Nord notamment en Suède puis repris et  diffusé dans des expositions universelles, notamment celles organisées à Paris en 1867 puis en 1878. Les deux premiers dioramas ont été inaugurés en 1899 dans le musée installé rue de la République dans les locaux de l’ancien Tribunal d’instance. Grâce à l’argent de son prix Nobel de littérature, Frédéric Mistral a pu aménager un plus grand musée dans l’Hôtel Laval-Castellane/Collège municipal inauguré en 1909. La scénographie des deux premiers dioramas a légèrement changé entre les deux dates, notamment pour la Veillée de Noël qui s’est enrichie de personnages qui n’existaient pas encore sur la photographie prise par Nadar en 1899, mais surtout, Frédéric Mistral a installé la troisième scène de la femme en prière inspirée par les dévotions mariales dans l’église de Maillane.

Plus tard, un quatrième diorama « L’atelier des couturières » a été installé par le conservateur Fernand Benoît, dans les années 1940, dans la salle dédiée au costume du 18e siècle, mais les six personnages qui l’animent sont dotés d’une perruque factice peinte, parfois agrémentée d’une mèche de cheveux synthétiques. Ces six personnages sont exclus du chantier des perruques dont il est question ici.

Finalement, les trois dioramas historiques du Museon Arlaten mettent en scène 18 personnages, dont 16 sont dotés d’une perruque et/ou de postiches réalisés en cheveu et poil humains (sont exclus le bébé chauve de la Visite à l’accouchée et la grand-mère chauve de la Veillée calendale)

Ces 18 mannequins illustrent la démarche de la sculpture ethnographique provençale. L’auteur, Claude-André Férigoule, a sculpté les têtes et les mains d’après nature, en reproduisant les traits de personnages historiques ou contemporains. Seul le nom d’Elisabeth Grange, fille du peintre Jacques Réattu, est parvenu jusqu’à nous. Elle est représentée en maîtresse de mas, habillée pour  la messe de Noël, un missel dans les mains.

 

Au fond, Elisabeth Grange
Au fond, le mannequin d'Elisabeth Grange © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Au fond, le mannequin d'Elisabeth Grange © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

Les perruques ont réalisées dans des ateliers indéterminés pour la plupart d’entre elles, mais leur démontage a permis d’identifier au moins une date (1900) et deux indications de provenance différentes, l’une à Arles (Campêche) et l’autre à Marseille (J. Muguet). Elles ont toutes les mêmes caractéristiques techniques, sont probablement de fabrication provençale ou française et sont datées entre 1898 et 1909. Les mèches de cheveu sont implantées en cercles spiralés sur le bonnet en tulle de coton que l’on appelle « monture », laissant voir, le cas échéant, une section rectangulaire tissée pour la raie de partage des cheveux.

Dans un premier temps, le musée a adopté une démarche d’aide à la décision avec des restaurateurs du patrimoine. L’enjeu était de clarifier les possibilités matérielles de restauration des perruques.

Echec du sauvetage des perruques anciennes

Lors du premier essayage
Lors du premier essayage. © Jean-Luc Maby, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Lors du premier essayage. © Jean-Luc Maby, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

A partir de 2013, une fois les collections sorties du bâtiment historique du centre-ville, désinsectisés et déménagées dans le CERCO (Centre d’Etudes, de Restauration et de Conservation des Œuvres du Museon Arlaten), le travail de fond a pu commencer sur les collections sélectionnées pour le futur Museon rénové. Dans l’optique de monter un marché public de restauration global de ses mannequins historiques, le Museon Arlaten a demandé conseil à une restauratrice textile, puis à une restauratrice d’objets composites ethnographiques, afin de tester des protocoles de traitement et permettre la rédaction d’un cahier des charges.

La première restauratrice, Patricia Dal Prà, à l’occasion d’un travail sur les corps des mannequins (gainage, gommage), a accompagné le musée dans le décoiffage et le démêlage des cheveux, seul choix permettant l’étude préalable au nettoyage ultérieur.  Malheureusement, il est apparu que les cheveux collés par les précédents traitements insecticides et la poussière ne pouvaient pas être peignés, même avec l’utilisation d’un peigne aux dents écartés. La perte des mèches était très importante, leur longueur trop raccourcie, et celles encore fixées sur les perruques restaient emmêlées. Après ce premier constat, une deuxième restauratrice Objets Composites Ethnographiques est venue en mai 2013. Stéphanie Legrand-Longin a testé le nettoyage des mèches détachées et de celles encore fixées sur les crânes en plâtre des personnages. Le nettoyage a consisté en un lavage en bain avec un tensio-actif doux et le résultat a été jugé satisfaisant, en termes de souplesse et de brillance obtenues.

Cependant, ce test a fait émerger d’autres difficultés. Le « shampooing » testé sur la tête d’un personnage féminin a été délicat en raison de la fixité du cou et de la porosité du plâtre peint, matériau utilisé par le sculpteur. La difficulté intrinsèque des objets composites comme le sont les mannequins est d’appliquer le meilleur traitement à chaque partie, malgré des matériaux qui risquent d’interagir de façon différente et dangereuse.

A la fin du mois de mai 2013, la rénovation des perruques semblait trop complexe, chronophage et sans résultat garanti, d’une part parce que les insectes avaient laissé trop peu de cheveux en bon état et d’une longueur suffisante, et d’autre part parce que l’équipe ne savait pas comment rattacher les mèches sur les montures.Nous nous sommes donc résolus à faire appel à un perruquier professionnel pour obtenir une deuxième expertise.

Une patiente recherche et la mobilisation de plusieurs réseaux professionnels ont permis de prendre contact avec un coiffeur-perruquier oeuvrant dans le milieu du cinéma et de l’art dramatique, M. Tony Rocchetti. Ce dernier ayant souhaité venir étudier la question en compagnie d’un confrère, M. Pascal Ferrero, c’est une équipe de deux perruquiers qui a travaillé pour le musée à partir de 2014.

L'entrée en scène des perruquiers

Premier essayage
Premier essayage. © Jean-Luc Maby, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Premier essayage. © Jean-Luc Maby, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

Les deux perruquiers, Tony Rocchetti et Pascal Ferrero, sont venus une première fois à Arles, le 10 septembre 2014. Dotés d’une solide expérience dans le domaine des arts du spectacle, ces deux professionnels parisiens sont aujourd’hui reconnus et très sollicités par les producteurs de théâtre, d’opéra et de cinéma en France et à l’étranger. Ils ont malheureusement confirmé que les perruques du Museon Arlaten étaient trop dégradées pour tenter une restauration. Ils ont proposé de faire des copies en reprenant les mêmes techniques artisanales du 19e siècle, avec la monture en tulle, les tresses dites « Wefts » (sorte de guirlandes fines de cheveux tissés) et les raies tissées, et bien entendu en prenant des cheveux européens, afin de retrouver la texture et l’épaisseur des perruques d’origine.

Les perruques ont été réalisées entre fin 2014 et début 2017. La répartition entre les deux perruquiers s’est faite ainsi : Pascal Ferrero s’est chargé de tous les personnages féminins, sauf Elisabeth Grange ; Tony Rochetti s’est chargé de tous les personnages masculins et d’Elisabeth Grange, Pascal Ferrero a réalisé les perruques de tous les autres personnages féminins, majoritairement coiffés « à l’arlésienne ».

Dans l’atelier des perruquiers

Dans un premier temps, les perruquiers sont venus retirer les perruques fixées sur les têtes des personnages, afin de les expertiser. Les techniques de fabrication ont été étudiées - il s’agissait bien de « tresses » cousues sur du tulle -  et les anciennes marques de fabrique ont été relevées. Les perruquiers ont pris ensuite les empreintes des crânes à l’aide de films transparents étirables, noté les dimensions exactes et déterminé la nuance de couleur.

Ce dernier point a fait l’objet de débats intenses. Fallait-il, par exemple, refaire la même perruque d’un blond très clair pour le berger (Veillée de Noël), dont la couleur était certainement dégradée ou profiter de l’occasion pour réaliser une perruque d’un blond doré, plus foncé et plus en phase avec le projet d’origine ? C’est le blond foncé qui a été choisi, ce qui entraînera derechef un positionnement du bonnet moins enfoncé sur les oreilles du personnage, lors du remontage du diorama.

La réalisation de copies en cheveux naturels contemporains, selon les techniques traditionnelles artisanales, s’est faite dans les ateliers respectifs des perruquiers, à Paris. Des essayages ont été faits à Arles, avant la fixation définitive de la majorité d’entre elles le 5  avril 2017.

Les anciennes perruques confiées aux perruquiers, le temps de la création des nouveaux modèles,  sont revenues à Arles. Désinsectisées, photographiées et inventoriées, elles sont précieusement conservées au CERCO malgré leur dégradation avancée. Elles demeurent les témoins irremplaçables d’un savoir-faire et d’un moment clé de la muséographie du Museon Arlaten.

Comment coiffer les mannequins?

Coiffage
© Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
© Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

Les coiffures masculines – coupe et coiffure - ont été reproduites à l’identique, c’est-à-dire en se basant sur l’apparence des personnages au moment du démontage des dioramas en novembre 2009.

Ponctuellement, des adaptations ont été décidées comme pour la perruque du Berger (Veillée de Noël) ou celle du grand-père (Veillée de Noël) dont la couleur poivre et sel a été accentuée par l’ajout de cheveux blancs assez difficile à trouver, hier comme aujourd’hui.

Par contre, les coiffures féminines ont demandé une étude plus approfondie. En effet, tout au long du 20e siècle, les mannequins ont connu des recoiffages successifs s’écartant parfois du projet initial du fondateur du musée. Les photographies des mannequins au moment de la fermeture du musée (le 25 octobre 2009) ne pouvaient pas toujours servir de modèle aux perruquiers. Une recherche iconographique a donc été réalisée par l’équipe du musée.  Des essais sur deux personnages, Elisabeth Grange née Réattu dite la « Dame au missel » et la « Dame à l’assiette » ont été réalisés à Arles en avril 2017, afin de tester les gestes et les volumes. 

Le cas du mannequin d’Elisabeth Grange

La Dame au missel est coiffée selon la mode romantique de la Monarchie de juillet, vers 1840. Le Museon Arlaten s’est appuyé sur une iconographie précise à son sujet puisque la fille du peintre Réattu a été portraiturée à plusieurs reprises. Les portraits signés Jean-Marius Fouque et Jules Salles la représentent coiffée de façon différente, le premier avec des bandeaux lisses, le deuxième avec des bandeaux enroulés en « maccarons ». La mode de l’époque possédait des variantes, sans compter les adaptations selon le goût de la personne !

Le portrait de Jean-Marius Fouque a servi de modèle pour les bandeaux lisses et fins encadrant le visage et le bonnet de dentelle qui couvre entièrement le reste de ses cheveux. Celui de Jules Salles a inspiré le positionnement du ruban sur la nuque, mais c’est en regardant d’autres portraits d’Arlésiennes de la même époque, comme ce tableau signé d’Alexandre Hesse vers 1842, que le Museon a opté pour un guidon relevé.

 

Tony Rocchetti
Tony Rocchetti. © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Tony Rocchetti. © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

Archives iconographiques et réalité vécue

Sources iconographiques.
Sources iconographiques. © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Sources iconographiques. © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

En avril 2017, la venue du perruquier Pascal Ferrero a permis d’affiner le projet du musée. Le personnage de la Dame à l’assiette (Veillée de Noël), bien représentatif des autres mannequins féminins coiffés en ruban, mais également en cravate et en gansé, a été choisi pour réaliser des essais de coiffure. Il a permis de tester le positionnement du peigne sur le sommet de la tête, la répartition du volume des cheveux en deux bandeaux latéraux et de statuer sur le caractère lisse ou gaufré des cheveux. Souhaitant se rapprocher du projet initial du fondateur du Museon, l’équipe scientifique du musée a opté pour le gaufrage au fer à friser, et a donc exclu le crêpage, au même titre que la laque, anachronisme et artifice préjudiciable à la bonne conservation des cheveux dans le cadre d’une exposition muséale.

Au préalable, le perruquier a visionné des extraits filmés issus de l’enquête ethnographique réalisée par le musée sur le port du costume d’Arles aujourd’hui, ainsi que le dossier iconographique constitué de photographies d’Arlésiennes expressément datées entre 1896 et 1914. A la différence des œuvres d’art issues de l’imagination et du talent des dessinateurs, lithographes et éditeurs de cartes postales, les photographies prises sur le vif dans la rue ou bien issues de séances de poses en studio ont paru moins sujettes aux interprétations subjectives des artistes.

Au final, deux styles de coiffure ont été testés, avec un bandeau lisse à gauche et un bandeau gaufré à droite. Ces deux styles conviennent et sont mis en œuvre chez les 7 personnages féminins des dioramas, afin de rompre la monotonie de styles capillaires trop semblables et peu conformes aux réalités vécues. De plus, selon les traces des coiffures relevées sur les crânes, ont également été ajoutées ponctuellement de petites mèches sur les fronts et les tempes.

 

Objectifs atteints

L’équipe du Museon Arlaten a abouti à un résultat satisfaisant d’un point de vue technique et scientifique. Après des tests de nettoyage et de démêlage des anciennes perruques très endommagées par les insectes, il a fallu se résoudre à les remplacer par des neuves, tout en respectant les techniques de confection du 19e siècle. L’identification d’artisans reconnus et investis, à même de suivre cette aventure n’a pas été aisée. Heureusement, ce chantier très différent de leurs missions habituelles, a plu aux deux perruquiers qui se sont prêtés au jeu des recherches iconographiques, et pour qui réaliser des perruques et les coiffer à l’arlésienne s’est avéré être un défi tout aussi intéressant que de coiffer une perruque à la mode de Marie-Antoinette. Il convient enfin de souligner l’importance des sources documentaires qui servent de support au recoiffage des personnages. L’objectif est bien de retrouver le projet initial du fondateur du musée, au-delà des recoiffages successifs des perruques au cours du 20e siècle.

 

  • Retrouvez tous les détails de cette campagne de restauration dans l'article de Ghislaine Vallée, responsable du service des collections du Museon Arlaten, publié dans le Bulletin des Amis du Vieil Arles.

Qui sont Tony Rocchetti et Pascal Ferrero, les deux grandes références du cinéma et du théâtre mobilisées par le Museon Arlaten ?

Pascal Ferrero
Pascal Ferrero sous le regard de Mistral. © Jean-Luc Maby, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Pascal Ferrero sous le regard de Mistral. © Jean-Luc Maby, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence

Le choix, douloureux, s’était peu à peu imposé : en 2014, décision est prise de refaire intégralement les perruques des mannequins des trois fameux dioramas du Museon Arlaten: « la Veillée Calendale », « la Visite à l’accouchée » et « la Femme en prière ». Les modèles originaux étaient bien trop dégradés pour être repeignés et réutilisés dans le musée rénové.

Décision difficile certes, mais aussi début d’une belle histoire : deux grands perruquiers, familiers des coulisses du cinéma, du théâtre et de l’opéra, s’investissent dès lors dans la réalisation des 16 perruques manquantes.

Le Museon Arlaten s’enorgueillit en effet de travailler avec Tony Rocchetti, qui depuis son travail sur Valmont de Milos Forman en 1988 n’a jamais quitté les plateaux de cinéma. Plus récemment, c’est sur les tournages de Marie-Antoinette de Sophia Coppola et de Jackie de Pablo Larrain qu’il a exercé ses talents. Mais cet ancien élève de la légendaire Catherine Leblanc n’a jamais voulu se limiter au septième art et on l’a aussi vu travailler à l’Opéra Garnier, à l’Opéra Bastille, au Théâtre Mogador pour la création de la comédie musicale Les Misérables comme à la télévision pour les premiers épisodes de la série Nicolas Le Floch, une référence en matière de perruques patinées.

Sur ce dernier tournage, Tony Rocchetti travaillait déjà avec son acolyte du projet «Perruques » du Museon Arlaten, Pascal Ferrero. Venu lui aussi du monde de la coiffure, cet autodidacte (il a quitté l’école à 16 ans et n’a jamais passé le moindre diplôme) a commencé sa carrière auprès d’un maître de la perruque, du maquillage et des effets spéciaux, Kuno Schlegelmilch. De l’opéra Wozzeck d’Alban Berg (mise en scène par Patrice Chéreau, direction Daniel Barenboïm) aux coulisses de la Comédie française, de l’engagement sans faille auprès de Jérôme Savary (Théâtre de Chaillot puis Opéra comique) en passant par La Reine Margot et… Astérix au service de sa majesté (la chevelure torsadée de Valérie Lemercier, c’est lui), Pascal Ferrero n’a jamais cessé d’apprendre. Collectionneur d’ouvrages anciens dédiés à la coiffure, il accepté avec son comparse Tony Rocchetti de renouer pour le Museon Arlaten avec des techniques de fabrication aujourd’hui tombées en désuétude.

Tony Rocchetti
Tony Rocchetti et les cheveux du gardian. © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence
Tony Rocchetti et les cheveux du gardian. © Rémi Benali, Cd13 – Coll. Museon Arlaten-musée de Provence