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En attendant l'election de la reine.

ETHNOGRAPHIE (S)

Chapeau
Le Museon Arlaten, musée d'ethnographie, a évolué pour devenir un "musée de société" qui explore et interroge la société provençale d'aujourd'hui. L'exposition permanente comme les expositions temporaires se nourrissent des enquêtes de terrain conduites par l'équipe scientifique.
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Le Temps 5 du musée, consacré à la Provence contemporaine.
Le Temps 5 du musée, consacré à la Provence contemporaine. Cd13 - Coll. Museon Arlaten© Sébastien Normand
Le Temps 5 du musée, consacré à la Provence contemporaine. Cd13 - Coll. Museon Arlaten© Sébastien Normand

Comprendre les provençaux d'aujourd'hui

Que ce soit pour améliorer la documentation des collections du musée, pour développer un discours spécifique dans le cadre d’une exposition temporaire ou pour collecter des objets témoignant d’un présent ou d’un passé proche, la recherche constitue une activité majeure au sein du musée. Exposer, c’est transmettre un propos, des connaissances qu’il s’agit au préalable de rassembler, valider et organiser. Au Museon Arlaten, c’est l’unité Recherche et muséographie qui est spécifiquement dédiée à ces travaux, avec la collaboration de l’ensemble du pôle scientifique.

Mais de par la diversité de leurs thématiques et la dynamique de leurs actions de diffusion, les musées de société, plus peut-être que d’autres, se doivent également d’envisager leurs travaux de recherches comme des collaborations. Ainsi le Museon Arlaten fait-il ponctuellement appel, au gré des thèmes abordés, à des chercheurs extérieurs – principalement ethnologues, sociologues ou historiens – qui par leurs études, leurs enquêtes de terrain, contribuent à l’enrichissement des ressources scientifiques du musée et accompagnent le projet scientifique centré sur les « inventions de la tradition ».

Ces recherches sont avant tout des aventures humaines. Elles offrent l’occasion de nouer des contacts précieux, de recueillir des témoignages singuliers, et d’acquérir objets et documents qui viendront enrichir les fonds patrimoniaux du Museon Arlaten.

Mémoire de cheminots

Entrés en service en 1843, les ateliers ferroviaires de la ville d’Arles furent définitivement fermés le 1er janvier 1985. Ils constituent un lieu fondateur pour l’histoire du savoir-faire technique des ouvriers, de la solidarité cheminote et du syndicalisme, marqué par les luttes du 20e siècle. Aujourd'hui en cours de réhabilitation, les ateliers SNCF font partie intégrante de l'identité de la ville. En 2007, Kristel Amellal, ethnologue au Museon Arlaten, a commencé à recueillir la mémoire de ceux qui les ont fait vivre.
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Le monde de la bouvine

L’association Clair de Terre réactualise, à la demande du Museon Arlaten, les connaissances sur l’univers de la "bouvine ", autrement dit l'ensemble des activités agricoles, sportives et culturelles en lien avec l'élevage du taureau.
Du pâturage à l'abattoir en passant par les jeux taurins dans les arènes et les rues des villages, Anaïs Vaillant suit au plus près les travaux saisonniers de ce qui reste avant tout une activité agricole et économique à part entière, mais qui bénéficie d’une visibilité toute particulière à l’occasion des mises en scènes des traditions qu’elle véhicule.
Ce travail de terrain explore certaines pratiques et événements régionaux sous un angle culturel et identitaire : la mise en place d'une charte sur le vêtement de gardian, la création d'une AOC "taureau de Camargue" … autant de signes d’une identité et d’appartenances culturelles en train de se recomposer et se donnant à voir sur un mode folklorique.
Raseteurs, à Arles

Salin : au pays de l'or blanc

Dans la seconde moitié du 19e siècle, Frédéric Mistral, et à sa suite Folco de Baroncelli, contribuent à développer le mythe d’une Camargue agricole sauvage, terre de taureaux et de chevaux en liberté. Pourtant une réalité toute autre se dessine alors : après des décennies d’expériences infructueuses visant à transformer la Camargue en « grenier d’abondance », celle-ci s’apprête à basculer dans l’ère industrielle. En 1856, Henry Merle, père de la société Péchiney, aménage un salin de plusieurs milliers d’hectares dans l’étang de Giraud, situé à l’extrême sud-est de la Camargue : Salin-de-Giraud voit le jour. L’agglomération naissante se développe encore à partir des années 1890, avec l’implantation d’une usine chimique de la compagnie Solvay. Venant de plus en plus loin, une nouvelle main d’œuvre s’installe, le plus souvent pour quelques mois, parfois sur plusieurs générations. Elle fait vivre la communauté de Salin au rythme de ses allers et venues, des saisons de travail, de conflits sociaux, d’une vie locale qui s’organise : église, hôpital, écoles, équipements sportifs et culturels apparaissent, mêlant traditions locales et cultures de ces nouveaux migrants français, italiens, grecs, arméniens ou maghrébins...
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Le costume d'Arles : pourquoi le porte-t-on?

Dans le prolongement de l’enquête consacrée à la Reine d’Arles, Anaïs Vaillant et Florie Martel, de l'association Clair de terre, se sont intéressées pour le Museon Arlaten au costume du pays d’Arles et plus particulièrement aux pratiques contemporaines de « l’Arlésienne », figure féminine emblématique incarnée par de nombreuses femmes du pays d’Arles. Le costume d'Arles cristallise tout un processus de folklorisation des traditions depuis Frédéric Mistral. L'Arlésienne devient au XXème siècle une figure idéalisée de la tradition, à la fois vivante et normée.
L’analyse d’Anaïs Vaillant permet de questionner la permanence et l’appropriation des expressions culturelles provençales autour de de la construction de la féminité dans le port du costume d’Arlésienne et montre comment cette pratique s’inscrit dans un mouvement de revendication culturelle et de résistance à l’effacement des particularismes.
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Les gitans d'Arles

Les groupes Tsiganes, dont la présence est attestée en Provence depuis le XVe siècle, entretiennent avec le territoire d’Arles des relations contrastées. Si le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer continue à rassembler, tous les 24 mai, un millier de caravanes de gitans catholiques venus de la France entière pour célébrer les reliques de Sara « l’Egyptienne » découvertes en 1448, l’histoire locale de cette communauté est également marquée par la mémoire tragique du Camp de Saliers, qui servit à l’internement des « nomades » durant la Seconde Guerre mondiale.
Afin de compléter cette connaissance lacunaire, une enquête ethnographique a été lancée en 2010, qui s’intéresse à l’histoire et aux pratiques des familles gitanes arlésiennes, pour beaucoup sédentarisées depuis plusieurs générations. Ce travail de long terme, entrepris par l’ethnologue Kristel Amellal, est l’occasion de recueillir la parole d'une population mal connue, d’interroger les mémoires gitanes, mais également de mettre en évidence la singularité de parcours de vie, et de pratiques culturelles spécifiques.
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Autour de la Reine d'Arles

Créée en 1930 pour célébrer le centenaire de la naissance de Frédéric Mistral, l’élection de la reine d’Arles est depuis l’origine liée aux thématiques du Museon Arlaten. Sept jeunes filles – la reine et ses demoiselles d’honneur - portant le costume arlésien sont distinguées par leur capacité à mettre en valeur les traditions locales. Elles incarnent la sauvegarde de valeurs culturelles et morales héritées d’un passé mythifié. Plus de soixante-quinze ans après, le musée interroge cette pratique, afin de comprendre son rôle dans la société arlésienne actuelle. 2008, année d’élection de la 20ème reine d’Arles, a servi de cadre à une enquête de terrain réalisée par Florie Martel et Corinne Cassé, ethnologues. En 2009, l’étude s’élargit pour suivre les débuts du règne de la lauréate et de ses demoiselles d’honneur et observer les élections « parallèles » en lien avec le costume et la tradition dans le pays d’Arles.
Ce travail permet de suivre au plus près le déroulement d’une élection, et les motivations individuelles et collectives des candidates. L’analyse de ce terrain a été confiée à Laetitia Nicolas, ethnologue.
Caroline Serre, 20ème Reine d’Arles,

Mémoires d'inondés

Début décembre 2003 : après un important épisode pluvieux qui a frappé durant plusieurs jours les vallées du Rhône et de la Durance, les deux fleuves connaissent une crue exceptionnelle. Au soir du mercredi 3, au Sud de la commune de Tarascon, la digue cède en plusieurs endroits. Les eaux du Rhône s'engouffrent dans ces brèches et se dirigent vers Arles.
Le lendemain soir, toute la partie nord de l'agglomération est couverte d'une couche d'eau qui, par endroits, approche les deux mètres. Cette eau stagnera pendant plus d'une semaine avant de disparaître sous l'effet de dispositifs de pompage hors du commun.
Le bilan matériel de la catastrophe s'avère particulièrement lourd : près de 8 000 sinistrés, des entreprises fermées, qui entraînent un chômage technique, des biens mobiliers et immobiliers dévastés...
Un an et demi après ces évènements, à la demande du Museon Arlaten, l'ethnologue Jean-Marc Mariottini est allé à la rencontre de ceux qui ont vécu au cœur de l'inondation. Son rapport s’intéresse au point de vue des sinistrés, donnant à voir une dimension humaine, hautement subjective et sensible, de la catastrophe.
Ce premier corpus sera complété en 2016 par une nouvelle série de témoignages et de films réalisés par Kristel Amellal et Thomas Gayrard. 
Inondations 2003