ETHNOGRAPHIE (S)
Comprendre les provençaux d'aujourd'hui
Que ce soit pour améliorer la documentation des collections du musée, pour développer un discours spécifique dans le cadre d’une exposition temporaire ou pour collecter des objets témoignant d’un présent ou d’un passé proche, la recherche constitue une activité majeure au sein du musée. Exposer, c’est transmettre un propos, des connaissances qu’il s’agit au préalable de rassembler, valider et organiser. Au Museon Arlaten, c’est l’unité Recherche et muséographie qui est spécifiquement dédiée à ces travaux, avec la collaboration de l’ensemble du pôle scientifique.
Mais de par la diversité de leurs thématiques et la dynamique de leurs actions de diffusion, les musées de société, plus peut-être que d’autres, se doivent également d’envisager leurs travaux de recherches comme des collaborations. Ainsi le Museon Arlaten fait-il ponctuellement appel, au gré des thèmes abordés, à des chercheurs extérieurs – principalement ethnologues, sociologues ou historiens – qui par leurs études, leurs enquêtes de terrain, contribuent à l’enrichissement des ressources scientifiques du musée et accompagnent le projet scientifique centré sur les « inventions de la tradition ».
Ces recherches sont avant tout des aventures humaines. Elles offrent l’occasion de nouer des contacts précieux, de recueillir des témoignages singuliers, et d’acquérir objets et documents qui viendront enrichir les fonds patrimoniaux du Museon Arlaten.
Mémoire de cheminots
Le monde de la bouvine
Du pâturage à l'abattoir en passant par les jeux taurins dans les arènes et les rues des villages, Anaïs Vaillant suit au plus près les travaux saisonniers de ce qui reste avant tout une activité agricole et économique à part entière, mais qui bénéficie d’une visibilité toute particulière à l’occasion des mises en scènes des traditions qu’elle véhicule.
Ce travail de terrain explore certaines pratiques et événements régionaux sous un angle culturel et identitaire : la mise en place d'une charte sur le vêtement de gardian, la création d'une AOC "taureau de Camargue" … autant de signes d’une identité et d’appartenances culturelles en train de se recomposer et se donnant à voir sur un mode folklorique.
Salin : au pays de l'or blanc
Le costume d'Arles : pourquoi le porte-t-on?
L’analyse d’Anaïs Vaillant permet de questionner la permanence et l’appropriation des expressions culturelles provençales autour de de la construction de la féminité dans le port du costume d’Arlésienne et montre comment cette pratique s’inscrit dans un mouvement de revendication culturelle et de résistance à l’effacement des particularismes.
Les gitans d'Arles
Afin de compléter cette connaissance lacunaire, une enquête ethnographique a été lancée en 2010, qui s’intéresse à l’histoire et aux pratiques des familles gitanes arlésiennes, pour beaucoup sédentarisées depuis plusieurs générations. Ce travail de long terme, entrepris par l’ethnologue Kristel Amellal, est l’occasion de recueillir la parole d'une population mal connue, d’interroger les mémoires gitanes, mais également de mettre en évidence la singularité de parcours de vie, et de pratiques culturelles spécifiques.
Autour de la Reine d'Arles
Ce travail permet de suivre au plus près le déroulement d’une élection, et les motivations individuelles et collectives des candidates. L’analyse de ce terrain a été confiée à Laetitia Nicolas, ethnologue.
Mémoires d'inondés
Le lendemain soir, toute la partie nord de l'agglomération est couverte d'une couche d'eau qui, par endroits, approche les deux mètres. Cette eau stagnera pendant plus d'une semaine avant de disparaître sous l'effet de dispositifs de pompage hors du commun.
Le bilan matériel de la catastrophe s'avère particulièrement lourd : près de 8 000 sinistrés, des entreprises fermées, qui entraînent un chômage technique, des biens mobiliers et immobiliers dévastés...
Un an et demi après ces évènements, à la demande du Museon Arlaten, l'ethnologue Jean-Marc Mariottini est allé à la rencontre de ceux qui ont vécu au cœur de l'inondation. Son rapport s’intéresse au point de vue des sinistrés, donnant à voir une dimension humaine, hautement subjective et sensible, de la catastrophe.
Ce premier corpus sera complété en 2016 par une nouvelle série de témoignages et de films réalisés par Kristel Amellal et Thomas Gayrard.